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agissent. Une arm%u00e9e de guerriers \f%u00e9tiches d%u2019une soci%u00e9t%u00e9 secr%u00e8te fonctionne comme une arm%u00e9e des ombres accomplissant de nuit les sorts jet%u00e9s par leurs adeptes), un temple vaudou grandeur nature, ainsi qu%u2019un cimeti%u00e8re ont %u00e9t%u00e9 reconstitu%u00e9s pour l%u2019occasion. Les cimeti%u00e8res ha%u00eftiens sont les lieux o%u00f9 la religion vaudoue est la plus active. Une importante collection de mal%u00e9fices (appel%u00e9s \collections anthropologiques (Universit%u00e9 de Saint-Quentin-en-Yvelines), est %u00e9galement mise en contexte. Nous l%u2019avons dit, la pratique de la zombification %u00e0 Ha%u00efti se situe %u00e0 la convergence de trois ph%u00e9nom%u00e8nes : les religions d%u2019Afrique sub-saharienne, les cultes chr%u00e9tiens et l%u2019usage des substances stup%u00e9fiantes par les populations autochtones de la Cara%u00efbe. La deuxi%u00e8me partie de l%u2019exposition met en %u00e9vidence les %u00e9l%u00e9ments constitutifs de cette fusion. Au Congo, au Gabon et en Angola, le zombi renvoie au fant%u00f4me d%u2019un enfant mort. De nombreuses autres religions d%u2019Afrique sub-saharienne consid%u00e8rent les %u00e2mes errantes comme des r%u00e9alit%u00e9s incontestables. Ces entit%u00e9s surnaturelles, et les pratiques qui leur sont li%u00e9es, sont %u00e9voqu%u00e9es %u00e0 travers plusieurs objets issus de la collection du Mus%u00e9e du quai Branly, tels que des \magiques) enclou%u00e9s et des miroirs servant %u00e0 capter la lumi%u00e8re et %u00e0 repousser les %u00e9ventuels mauvais sorts. De m%u00eame le motif de la croix et les chromos catholiques qui repr%u00e9sentent la Vierge ou les saints et proviennent d%u2019Italie et de Cuba sont des constantes figurant dans les temples et les offrandes vaudous. %u00c0 ce syncr%u00e9tisme s%u2019ajoutent les rites des populations autochtones des Cara%u00efbes, repr%u00e9sent%u00e9s ici par des objets Ta%u00efnos.Le premier usage du mot zombi dans la litt%u00e9rature europ%u00e9enne appara%u00eet dans Le zombi du grand P%u00e9rou ou la Comtesse de Cocagne de Pierre Corneille de Blessebois en 1697. La figure du zombi impressionne fortement les premiers voyageurs europ%u00e9ens. Elle est pourtant rapidement supplant%u00e9e par des entit%u00e9s plus proches du monde occidental tels que les vampires ou les fant%u00f4mes, avant d%u2019%u00eatre red%u00e9couverte et red%u00e9crite par les ethnologues, notamment au d%u00e9but du XXe si%u00e8cle, lors de l%u2019occupation am%u00e9ricaine d%u2019Ha%u00efti. Rapidement, la culture populaire s%u2019approprie la figure du zombi, loin de toute r%u00e9alit%u00e9 anthropologique, pour en faire un personnage effrayant, synonyme de mort sanguinaire et contagieuse. Ce nouvel avatar qui n%u2019a plus rien %u00e0 voir avec la forme originelle se d%u00e9cline d%u00e9sormais dans la litt%u00e9rature, le cin%u00e9ma, la bande dessin%u00e9e avec des r%u00e9ussites diverses. Le zombi mondialis%u00e9 %u00e9chappe ainsi %u00e0 la culture du vaudou ha%u00eftien comme le montrent des films (La nuit des morts vivants, 1968, World War Z, 2023), des s%u00e9ries (Walking Dead, 2010), des chansons (Thriller de Michael Jackson, Zombie des Cranberries), des jeux video. L%u2019emprise des t%u00e9n%u00e8bres (1988) de Wes Craven bas%u00e9 sur les travaux 27