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25Ci-contre : Personnage Bizango, Ha%u00efti,d%u00e9but du XXIe si%u00e8cle. (D.R. mus%u00e9e du quai Branly %u2013 Jacques Chirac, photo : Thierry Ollivier, Michel Urtado)ZombisLa mort n%u2019est pas une finL%u2019amateur de patrimoine immat%u00e9riel est particuli%u00e8rement g%u00e2t%u00e9 cet hiver gr%u00e2ce %u00e0 certaines expositions organis%u00e9es %u00e0 Paris. Le Mus%u00e9e d%u2019Art et d%u2019Histoire du Juda%u00efsme nous offre ainsi un %u00e9clairage sur Le Dibbouk. Fant%u00f4me du monde disparu. Pour rappel, dans la culture populaire juive, un dibboukd%u00e9signe une %u00e2me%u00a0 errante, g%u00e9n%u00e9ralement maligne, qui prend possession d%u2019un vivant, selon une croyance%u00a0 qui s%u2019est d%u00e9velopp%u00e9e en Europe orientale %u00e0 partir du XVIIIe si%u00e8cle. Il fait donc partie des cr%u00e9atures surnaturelles qui hantent l%u2019imaginaire humain. Le Mus%u00e9e du Louvre, quant %u00e0 lui, d%u00e9veloppe la th%u00e9matique du Fou \l%u2019%u00e9v%u00e9nement et tente de r%u00e9pondre %u00e0 la question suivante : comment au fil du temps a-t-on repr%u00e9sent%u00e9 la folie? Un moment-cl%u00e9 de l%u2019%u00e9volution se situe au XVe si%u00e8cle. La fin du Moyen Age voit une explosion de la pr%u00e9sence de la figure du fou, li%u00e9e aux f%u00eates carnavalesques et au folklore. Associ%u00e9 %u00e0 la critique sociale, le fou sert de v%u00e9hicule aux id%u00e9es les plus subversives. Il joue %u00e9galement un r%u00f4le dans les troubles de la%u00a0R%u00e9forme%u00a0: dans ce contexte, le fou, c'est l'autre (qu%u2019il soit catholique ou protestant). Au tournant du Moyen %u00c2ge et de la Renaissance, son inqui%u00e9tante repr%u00e9sentation devient omnipr%u00e9sente, ainsi que le montre l%u2019art de Bosch puis celui de Bruegel. A l%u2019%u00e9poque moderne, le bouffon ou le nain, maniant l%u2019ironie et le sarcasme, s%u2019impose dans les cours d%u2019Europe L%u2019exposition se termine par une %u00e9vocation du regard port%u00e9 par le XIXe si%u00e8cle sur le Moyen %u00c2ge au travers du%u00a0th%u00e8me de la folie. L%u2019%u00e9clairage devient alors tragique, voire cruel. Ces %u00e9v%u00e9nements valent, bien s%u00fbr, le voyage %u00e0 Paris%u2026A cela s%u2019ajoute le Mus%u00e9e du quai Branly qui met pour sa part en %u00e9vidence la figure du zombi. Rappelons au passage que les deux orthographes -zombie et zombi- sont attest%u00e9es en fran%u00e7ais. La premi%u00e8re est un emprunt %u00e0 l'anglais et ne s'applique, pour les puristes, qu'%u00e0 une zombie (au f%u00e9minin). Toutefois, cette graphie est aujourd'hui beaucoup plus fr%u00e9quente en fran%u00e7ais que la seconde. Les organisateurs de l%u2019exposition n%u2019en ont pas moins refus%u00e9 la forme anglo-saxonne. Cela surprend un peu mais nul n%u2019ira leur reprocher. Quoi qu%u2019il en soit, la figure du zombi se situe %u00e0 la crois%u00e9e du monde des